Une certaine image des Droits des Êtres Humains
Tribune dans le Sévrien du mois de mars 2021
Le dernier conseil municipal a été l’occasion d’aborder à la fois le bilan social de la ville et le projet de fresque sur le collège. Deux facettes des Droits des Êtres Humains : l’une concrète et actuelle, l’autre symbolique et historique.
Sèvres est une ville riche, mais elle héberge une large population modeste : jusqu’à 16% de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté parmi les locataires. La situation sociale s’aggrave avec une augmentation du chômage ces dix dernières années (par exemple +30% pour les femmes dans le 92). Face à cela l’action municipale est en régression. En effet, comment expliquer que seulement 50 familles aient reçu un secours du Centre communal d’action sociale en 2019 quand on connait les besoins ? Et pourquoi ce chiffre est-il en baisse puisqu’elles étaient 90 en 2016 ? Pour les familles en difficulté de Sèvres, c’est souvent la double peine : lorsqu’elles ne sont pas suivies par le CCAS, elles ne sont pas orientées vers les associations d’entraide. Le département des Hauts-de-Seine a décidé de la fermeture d’antennes sociales, notamment à Sèvres et nous ne pouvons que déplorer que la ville ne déploie pas plus de moyens pour accompagner les plus précaires d’entre nous.
L’initiative de décorer la façade du collège de Sèvres sur le thème des Droits des Êtres Humains était intéressante. Le choix d’afficher cinq hommes pour une femme fut critiqué à juste titre par des collégiennes et le maire demanda à l’artiste de rééquilibrer la représentation qu’il lui avait commandé. C’est ainsi que nous découvrions, il y a quelques semaines, l’apparition du portrait de Mère Teresa. Des citoyens, des parents d’élèves s’en sont émus. Est-il opportun de faire figurer une sainte canonisée sur les murs d’un collège d’enseignement public où tout signe religieux ostentatoire est interdit ? Est-il opportun d’ériger une militante anti-contraception, anti-divorce et anti-avortement comme référence ? D’autres femmes n’auraient-elles pas été plus utiles pour illustrer le fait que l’égalité des sexes, l’émancipation des femmes, leur droit à disposer de leur corps reste une lutte dans notre pays et ailleurs ? De notre point de vue, la fresque du collège aurait dû faire l’unanimité de celles et ceux qui se revendiquent défenseurs des principes républicains. Le commanditaire a opposé un rejet catégorique à notre demande. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres de la vie municipale, l’échange apaisé de points de vue divergents ne sont pas à l’ordre du jour.
Au pays de Voltaire, les Droits des Êtres Humains et la laïcité restent un combat de symboles et d’actions qui divisent encore.