J'écrivais en 2003 un billet intitulé "Pour un travail de mémoire" et consacré à Jean Calvet sur la maison duquel la ville venait de faire poser la plaque commémorative à laquelle nous aspirons tous.
Dans l'enthousiasme, le journal paroissial de Sèvres avait cru pouvoir titrer qu'il avait obtenu la médaille des justes, ce qui était faux.
J'ai eu quelques informations supplémentaires de juillet 1914 sur notre célébrité locale qui éclairent d'un jour encore plus intéressant cet ecclésiastique sévrien.
On aimerait mieux comprendre comment la Ville choisit ceux qu’elle veut honorer par des plaques commémoratives.
Ainsi, la maison de Sèvres de Monseigneur Jean CALVET.
Jean CALVET, alors abbé et professeur au collège Stanislas a eu un secrétaire bénévole pendant plusieurs mois. Il l'emmena à la kermesse paroissiale de Sèvres l'après-midi du dimanche 19 juillet 1914, où son secrétaire passa l'après-midi à s'exercer au tir à pistolet. Jean CALVET se souvint "d'une performance de maniaque". Ce secrétaire passait son temps de surveillant au collège Stanislas à lire des revues d'extrème-droite au point de délaisser sa charge de surveillant. Jean CALVET savait s'entourer : le 31 juillet, son secrétaire bénévole assassinait Jean JAURES, c'était Raoul VILLAIN.
Jean CALVET succède en 1942, à la tête de l’Institut catholique de Paris, au cardinal BAUDRILLART, "collaborateur" notoire, qui écrivait en 1941, « voici le temps d’une nouvelle croisade, j’affirme que le tombeau du christ sera délivré ».
Contrairement à ce que pourrait laisser entendre le bulletin du doyenné "Ensemble", Mgr CALVET n’a pas reçu la médaille de "Juste des nations".
Le comité Yad vashem de Jérusalem a reconnu par lettre l’aide qu’il avait pu apporter à une famille juive en louant un appartement à celle-ci mais sans conclure que les conditions de cette action méritait autre chose de plus marquant.
Elle a été décernée à Mgr SALIEGE, évêque de Toulouse, pour avoir, lui, publiquement dénoncé les traitements faits aux juifs.
Jean CALVET était adhérent de l’Association de défense de la mémoire de l’ex- Maréchal PETAIN à la source des persécutions anti-juives dès juin 1940.
Cet érudit a publié de gros ouvrages de littérature où on peut juger de la pertinence de ses jugements et de la filiation idéologique qui s’y rattache
« On ne voit pas quel élément essentiel la Réforme a apporté à la pensée française. »
« Rabelais a un goût étrange pour la grossièreté et l’impudeur »
« Calvin a fait de sa religion une contrefaçon du catholicisme »
« La morale de Molière manque de délicatesse et d’élévation »
« La science de Voltaire a fait son temps : aucun homme sérieux ne va s’alimenter à cette source »
« L’encyclopédie est une œuvre de destruction de toute autorité insinuée adroitement. »
« Lamartine a négligé de travailler sa langue »
« L’art de George Sand a vieilli très vite et il nous semble aujourd’hui bien fané »
« Balzac écrit mal et a des sentiments vulgaires »
« Stendhal est aujourd’hui exalté au dessus de sa valeur »
« On ne lit plus Zola en France et personne n’ose en dire du bien »
« Joseph de Maistre condamne la révolution comme satanique, c’est un très grand écrivain ».
Il louange François COPPEE, Antidreyfusard, fondateur de l’association antisémite dite Ligue de la patrie française, avec Jules LEMAITRE, détenteur d’une de nos rues.
Il ne s’agit pas de faire le procès des morts mais de constater qu¹un petit carreau de pierre apposé par une municipalité sur une propriété mérite plus d¹attention. Ne serait-ce que pour faciliter le travail de mémoire des générations suivantes ! Comment construirions-nous notre avenir sans la capacité de discernement sur notre passé commun ?