La terre brûle et Sèvres ne regarde que son centre-ville

Tribune dans le Sévrien de novembre 2021

Le conseil municipal s’est enfin engagé dans un programme d’audits énergétiques du patrimoine de la ville. Rien à redire à cette démarche qui est nécessaire et qui démontre l’ampleur de la question : pas moins de 17 bâtiment publics concernés. C’est plutôt le rythme et la confidentialité de ces mesures qui nous alerte. Nous touchons en effet un élément clé de la lutte contre le réchauffement climatique, car le secteur du bâtiment est responsable de 26 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Ne serait-il pas temps d’aborder un de nos vrais défis de demain : comment viser la neutralité carbone en 2050 à Sèvres ?

La loi Elan nous impose de réduire de 40% la consommation énergétique des bâtiments municipaux en 2030, puis de 60% en 2050, mais cela ne se fera pas magiquement. Pour Sèvres, nous estimons que le programme « 2030 » coutera au moins entre 10 et 15 M€. Et nous sommes loin du compte si la ville décide d’aider les habitants à s’engager dans la démarche. Car c’est aussi un objectif social : moins d’énergie utilisée, c’est moins de dépenses pour les citoyens comme pour les finances publiques. Les récentes hausses de l’énergie sont là pour nous le rappeler.

Mais comme l’a dénoncé le Conseil d’État, l’Etat mais aussi les villes sont en retard. En effet, « -40% en 2030 », c’est demain à l’échelle du temps des travaux et du nombre de bâtiments à traiter. Et il y a plus grave, qui se souvient des engagements pris par les mêmes élus sévriens en 2008 de réduire de 38% la facture énergétique des bâtiments municipaux pour 2020 (cf. agenda 21 de la ville encore en ligne sur sevres.fr) ? Une promesse vite oubliée tant l’ensemble de la nation avait pris du retard sur les objectifs du Grenelle II de l’environnement.

Le programme de « réaménagement » du centre-ville lancé par la majorité nous parait bloquer tous les moyens d’investissement notamment au détriment des enjeux énergétiques. La faible audience au débat public sur le centre-ville du 15 octobre montre peut-être que ce projet n’est pas à la hauteur des attentes des citoyens. Il faut faire plus et mieux pour la planète et le vivre ensemble dans un monde sans carbone.  Ainsi nous aurions déjà dû, à Sèvres, orienter et provisionner une partie de nos investissements vers de la mobilité bas carbone plutôt que des projets de parking en centre-ville et vers de l’aide à la réduction de la facture énergétique des bâtiments publics ou privés. Pourquoi par exemple ni Sèvres ni GPSO n’accordent d’aides pour rénover thermiquement les murs des maisons alors que tant de villes le font ? Exigeons au niveau local comme au niveau national de réelles mesures contre la précarité énergétique et le réchauffement climatique.